Témoignage de Fatou

Témoignage de Fatou

Fatou ascenseur social

Découvrez le témoignage de Fatou qui a pris l’ascenseur social.

Résumé du témoignage de Fatou

Fatou est Professeur de sciences économiques et sociales au Lycée. Issue d’un quartier populaire d’Aulnay sous Bois, elle y habite toujours.

Toujours dans des écoles publiques, au lycée elle a choisi une filière ES, elle intègre ensuite une licence info Communication à l’Université Paris VIII qu’elle a ensuite arrêtée. Elle intègre une licence d’économie et ensuite un Master MEEF.

Après 2 échecs lors du concours pour devenir professeur, elle n’a pas lâché et a travaillé encore plus pour réussir le concours.

La soeur de Fatou a été un vrai référence tout au long de ses études supérieures, mais aussi certains de ses professeurs. Elle a toujours eu un prof pour la conseiller dans ses choix d’orientation.


Concernant les difficultés liées à l’orientation, Fatou a cherché toute seule ce qu’elle aimait bien faire sur internet.

Quelques conseils / remarques

  • Beaucoup travailler
  • Saisir les opportunités
  • Une difficulté majeure pendant ses études supérieures par rapport à d’autres étudiants de milieux différents
  • Réel manque de formation, de codes dans les écoles de quartiers populaires- apprendre les codes
  • Se renseigner, chercher sur internet les formations
  • Se débrouiller
  • Il faut toujours essayer de surmonter ses problèmes 

Retranscription complète de l’interview

bonjour Fatou, peux tu te présenter ? qui es-tu ? que fais tu dans la vie ?

Bonjour je m’appelle Fatou je suis professeur de sciences économiques et sociales au lycée, je réside actuellement en banlieue parisienne, dans le nord de la banlieue parisienne et j’ai 26 ans.

Merci Fatou tu as toujours vécu en banlieue parisienne ?

ah oui j’ai toujours vécu en banlieue parisienne, plus précisément Aulnay Sous-Bois donc depuis toute petite jusqu’à aujourd’hui j’ai toujours vécu dans cette commune.

D’accord est ce que tu peux nous parler un petit peu de tes études ? Du collège, du lycée et puis ensuite des études supérieures ?

Oui bien sûr alors j’étais dans une école…enfin j’ai toujours été dans des écoles publiques, donc toujours dans la même commune, j’ai eu une scolarité sans difficultés particulières.

élève moyenne à bonne élève selon les années donc mes années collège ce sont très bien passées ensuite on seconde j’ai intégré une classe histoire des arts que j’ai beaucoup aimé, d’ailleurs.

J’ai fait plein de sortie à ce moment-là, principalement au musée du Louvre. Ensuite j’ai intégré une première et une terminale ES, à l’époque il y avait encore les filières du coup bas j’étais en filière ES.

J’ai obtenu mon bac avec mention assez bien, facilement et puis ensuite d’intégrer une licence en info-communication à l’université Paris 8 Saint Denis – Vincennes, j’ai arrêté la communication parce que je me suis rendu compte que ce n’était pas fait pour moi ou que peut-être je n’étais pas en adéquation avec l’esprit d’esprit de ce corps de métier là et donc j’ai poursuivi une licence en économie que j’ai obtenu et ensuite un master en MEEF pour être enseignante en science économique et social.

Tu nous à dis du coup que t’étais en réorientation, est ce que tu peux nous expliquer un peu comment ça s’est passé ?

Alors oui j’ai effectué une réorientation après ma première année à l’université. Alors faut juste remettre dans le contexte, à la sortie du bac, j’étais persuadé que je vous être journaliste, donc j’avais  fait plein de recherche avec une amie au lycée et on recherchaient en fait des écoles et des facultés qui nous permettaient en fait par la suite à entrer au CLCA, donc c’est une école de journalisme publique et donc je voulais être journaliste-reporters plus précisément.

Sauf que arrivé en licence info-comm à Paris 8, en sachant que j’étais accepté à Paris 3, je voulais préciser. J’étais accepté apparaît 3, j’ai décliné parce que j’ai eu peur voilà.

Avec le recul je sais que j’ai eu peur de ce monde social et du coup bah j’ai préféré paris 8 et donc arrivé à la moitié de la première année, je me suis rendu compte que le monde journaliste n’était pas du tout on adéquation a soi-même, c’était comment les intervenants présenté leur travail de l’extérieur qui m’a rebuté.

Donc je me suis dit non au final je préfère faire complètement autre chose et je me suis souvenu que j’étais bonne en économie, donc je me suis dit pourquoi pas une licence en éco.

Génial et du coup après ta licence en éco t’as fait un master MEEf c’est ça ?

Oui c’est ça

Et du coup après le master MEEF t’as directement integré l’éducation nationale ? C’est ça ?

Alors, la particularité de ce master la c’est qui est à la fous 2 années qui délivrent un master et en même temps prépare à un concours, qui est le CAPES pour pouvoir être prof.

donc j’ai rater si je me souviens bien 2 fois mon concours, le CAPES, ensuite je l’ai obtenu et du coup

de facto j’ai intégré l’éducation nationale, même si en amont j’ai été prof contractuels pendant 6 mois.

Génial donc tu as fait preuve d’abnégation tu as raté deux fois mais tu as continué à tenter et finalement tu as obtenu ce que tu voulais.

Exactement… alors en fait au départ… j’étais au bout de mon deuxième échec je me suis dit j’arrête complètement, c’est pas possible, c’est pas pour moi, il y a trop de barrières parce qu’il faut savoir en fait que tout au long de la scolarité j’étais toujours étant dans une fac de banlieue et dans des lycées ou j’étais en fait élève moyenne,  bonne et en fait j’étais persuadé être bonne élève, parce que j’ai baigné dans ce monde social est en fait pour moi j’étais une bonne élève.

Sauf que arriver au master, ben j’ai rencontré d’autres personnes, provenant d’autres facultés, d’autres formations et je me suis rendu compte qu’on est pas si bien formés que ça, surtout en licence, notamment la dissertation j’en avais peu fais depuis la première, concrètement et mes années de master…concrètement révélé des insécurités, je me suis dit en fait au bout du deuxième échec… ben je suis nul j’y arriverai pas, c’est trop difficile, les barrières elles sont trop trop trop trop importantes pour moi, et c’est pas ma place voilà.

Au final j’avais un collectif d’amies, donc on venait un peu prés de la même zone, on s’est dis, non on

lâche pas l’affaire, c’est fait pour nous, faudra travaillé trois fois plus, ce n’est pas grave, ons s’est manger des baffes, ça été difficile, mais on final on l’a eu quoi

Bravo génial et du coup est ce que tu peux nous parler un petit peu de tout milieu social d’origine ? Ce que faisait ou ce que font tes parents ?

Alors je suis issue d’un milieu dit populaire, mon père est un ancien ouvrier imprimeur, à la retraite actuellement et ma mére est employée, du coup bah oui j’appartiens aux milieux populaires dans

Toute sa splendeur.

Qu’est-ce que l’ascenseur social est pour toi ? Et est-ce que tu peux dire aujourd’hui, si il s’est exprimé dans ton cas ?

Alors l’ascenseur social pour moi c’est une notion qui est journalistique dans le sens où ça.. en fait ça renvoie une réalité sociale qui est la possibilité pour des enfants issus des milieux populaires d’accéder à des strates de budget supérieur, autrement dit qu’il y a eu une élévation par rapport à nos parents donc c’est comme ça que je dessinerai l’ascenseur social qui en fait correspond à la mobilité sociale ascendante, en parlant sociologiquement en termes sociologiques plus tôt .

Et est-ce que je l’ ai vécu ?, objectivement en comparaison à mes origines sociales ? Oui, parce que maintenant j’appartiens a csp +, une catégorie socio professionnel jugée meilleure que celle de mes parents mais du coup moi individuellement je l’ai vécus… après est ce que c’est une réalité qui est commune et qui est possible à tous ?

Je sais pas… je sais pas parce qu’en fait j’ai pris conscience des barrières en n’ayant été confronté frontalement et je me suis rendu compte que j’avais pas le capital qu’il fallait, qu’il fallait le construire du coup, parce que j’en ai pas hérité, fallait le construire.

J’ai compris en fait tout  ça en retard, en master en fait à ce moment du master ou je me suis rendue compte que ça en fait c’est compliqué.

donc moins individuellement je l’ai vécue, après est ce que c’est une généralité sociale ben je ne peux pas je peux pas je veux pas l’affirmer, non on se rends compte avec les statistiques.

Mais par contre faut être fait conscient de cela et mettre en place des stratégies, et voilà de là je pense que, en mettant des stratégies, en essayant de détourner les barrières, en essayant de travaillé oui et de saisir les opportunités on y arrive. Après c’est individuel à chacun

Merci Fatou. Est-ce tu avais dans ton entourage des personnes qui t’ont aider à prendre l’ascenseur social ? Peut-être un proche, tes parents, des amis ou des personnes que tu admirais ?

Alors oui moi j’ai ma sœur qui est professeur qui a passé le concours est en fait  je me suis rendu qu’il y avaient des méthodes à appliquer, une manière de travailler, une rigueur dans le travail fait c’est en observant que je me suis rendu compte.

J’étais en licence à moment-là, elle était déjà en master et elle préparer le CRPE et je la voyais faire, parfois je l’a voyais à la bibliothèque, en prépa, travailler ses cours etc…du coup ça a été une référence pour moi.

Après tout au long de ma scolarité, j’ai eu la chance d’être bien accompagné par des professeurs. Mes parents m’ont toujours fait confiance donc sur sa sur ce plan là ils étaient là pour me soutenir, mais pas pour m’aider dans mon orientation.

Donc je pouvais pas leur demander quoi faire, non, je prenais mes décisions, je les ai informés et ensuite il me disaient ok d’accord courage accroche toi, et du coup ils mettaient en place voilà des… par exemple je faisais plus le ménage, je rentrais tard le soir, ça dérangeait personne, je ne faisais pas de courses voilà ils mettaient en place des stratégies pour m’aider à travailler.

Donc j’ai eu ma sœur comme modèle, j’ai eu des très bons professeurs tout au long de ma scolarité, principalement à la sortie du collège je ne savais pas si je devais prendre une générale une pro… et en fait une prof m’a dit non mais laisse-moi faire je vais faire, t’as un profil générale de toute maniere, ne réfléchît pas et en fait il a rempli mon dossier.

Arrivée en seconde j’ai hésité dans mes options, je m’entendais bien avec un prof en particulier et il m’a dit choisi l’option histoire de l’art, en fait j’ai écouté mon prof.

C’est toujours ça, j’ai eu à chaque fois un bon prof qui m’aidait à choisir concrètement, après arrivé licence, master j’ai fait toute seule, sachant qu avant d’intégrer la Master MEEF, j’hésitais avec un master contrôle d’audite et je me suis dit non tout n’a pas le profil pour être dans un bureau et travailler et contrôler les entreprises, arrête, c’est pas pour toi. Et ma sœur m’a donné envie d’être prof, donc j’ai choisi un Master MEEF quoi, donc oui ma soeur , c’est ma sœur qui a été mon modèle.

Génial ! quels ont été les défis auxquels tu as dû faire face du fait de ton milieu social d’origine et comment les as-tu surmonter ?

Alors j’ai dû apprendre à raisonner, j’ai dû apprendre à lire concrètement, lire dans ce sens où je savais lire bien évidemment, mais à avoir des références intellectuelles universitaires, j’ai dû apprendre à raisonner, à disserter, j’ai dû apprendre à m’exprimer correctement, j’ai dû apprendre à réfléchir avant de parler parce qu’en fait on se rend compte que lorsqu’on est issus des milieux populaires, en fait on n’a pas tous les codes sociaux, on n’a pas tous les rouages, la manière de s’exprimer, la manière de se tenir, la manière de porter sa voix,  même son corps dans la gestuelle tout ça s’apprend. Ce qui est naturel pour certains, issus des milieux plus favorisés, bah en fait on relève de l’apprentissage pour ceux qui sont issus des milieux populaires parce que en fait pour se détacher de tous on a emmagasiné pendant des années, pour réapprendre et en fait cette conscience permanente de la gestuelle, de l’expression orale, de l’expression écrite qui du coup demande des efforts mais lorsqu’on a acquis en fait c’est codes la, entre guillemets, et  lorsqu’on a acquis… vraiment tourner le dos à notre  culture d’origine, mais lorsqu’on a oui, nous on a acquis ces codes la, du coup il y a on a acquis déclic qui se passe en fait… Ah oui j’ai compris j’y arrive, il y a des choses qui se mettent en place et après lors du concours à l’orale on est beaucoup plus à l’aise et on essaie de faire comme, de faire comme les autres et du coup faire comme les autres va nous permettre d’avoir des bonnes positions finales.

Merci Fatou,  au niveau de ton orientation parce que c’est souvent un problème pour les jeunes issus des milieux populaires, comment est ce que tu t’es débrouillée pour savoir comment t’orientée ?

Alors effectivement l’orientation c’est  une problématique, c’est une problématique qu’il faut absolument essayer au mieux de régler.

Donc moi ce que j’ai entrepris s’est essayé de faire des choses que j’aime, j’aimais l’école, j’aime l’école, c’est où je travail, donc trouver en fait des domaines qui me plaisent et dans lesquelles j’ai des facilités, donc ça a toujours ça. Au départ en terminale, j’aimais bien écrire, j’aimais bien lire les magazine,  j’adorais ça, et du coup je me suis dit pourquoi pas tenter journalisme et la de ce point de vue là j’ai commencé à chercher.

Je suis une personne qui aime beaucoup cherché, je suis très curieuse, du coup j’ai commencé à chercher les filières et y accéder sur internet.

Je n’avais pas forcément les profs qui étaient là pour moi ou mes parents ou parce qu’il y a personne dans ce milieu-là. Du coup j’ai cherché de mon côté sur internet, je jamais osé les portes ouvertes, tout été sur internet, j’ai tout fait sur internet et ensuite en licence, j’ai eu les mêmes mécanismes, en fait j’ai essayé de trouver des domaines dans lesquels je suis à l’aise et qui me plaisent et du coup j’ai cherché sur internet donc j’en ai passé du temps sur les sites des universités et sur les sites  etc…Et au final je me suis orienté toute seule, sans vraiment l’institution derrière moi ou des parents, ou des sinon j’ai fait de fait sur internet.

D’accord on en arrive maintenant à la dernière question. Quels conseils donnerais-tu aujourd’hui à un jeune qui a envie de réussir ?

Alors le conseil que je pourrais donner, c’est compliqué mais je vais trouver. Un conseil c’est de cerner ce qui nous plaît profondément, d’être conscients il y aura, il y a des difficultés, voilà, elles existent faut pas se leurrer.

Dès qu’on le a identifiés, on essaye en fait de trouver des moyens pour les… pas pour les dépasser concrètement donc soit c’est par le travail, soit et en ayant des contacts, soit c’est…voilà on trouvera en se débrouillant. Travailler, parce que oui il, faut travailler, il faut travailler plus, faut, oui c’est pas, faut travailler plus que l’élève « en norme » et ensuite on peut y arriver, après parfois on espère des choses et en fait on se rend compte que c’est pas pour nous donc faut vraiment faire un choix que tu sais est bon pour toi pour pouvoir y arriver. Faut être en accord avec soi-même je pense. Le conseil n’est pas très clair mais…

Le conseil est très bien, être conscient de difficultés et trouver un moyen en fait pour les dépasser c’est un très bon conseil.

Un grand merci Fatou pour ton temps et ton témoignage très inspirant, à bientôt !

À bientôt

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Ascenseur Social, Association loi 1901.

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